
Tisser des liens
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« L’expression latine Homo Faber signifie tout simplement : l’homme qui fait. A l’horizon, une vie matérielle plus humaine est à notre portée si seulement nous comprenons mieux la fabrique des choses. »
Richard Sennett – Ce que sait la main.C’est lors de la Biennale des Métiers d’art que j’ai eu l’occasion de rencontrer Lily Alcaraz et Léa Berlier. Une trame graphique sur un échantillon de fils de papier tissé a immédiatement retenu mon attention.
Curieuse de découvrir ce savoir-faire autour du métier a tisser, j’ai suivi le fil jusqu’à leur atelier du Viaduc des Arts. Lily et Léa m’attendaient sur le pas de porte.Deux métiers à tisser trônaient entre quatre murs tapissés de matières, de trames et de maquettes expérimentales.
Une chaine en cours de préparation sur le métier en bois. Ce meuble fascine car il laisse à voir son mécanisme garni de centaines de fils entrecroisés.
Il faut s’armer de patience pour mettre en place les fils de chaine et les fils de trame constituant l’armure pour mettre révéler la trame de la matière.Ce métier d’orfèvre mis au grand jour dans l’antre de l’atelier nous a conduit a imaginer une collaboration sur un projet pour mettre en volume le travail de la maille. Nous avons travaillé main dans la main, designer et artisanes, chacune avec notre œil et notre savoir-faire, pour faire naître un projet. Ces échanges complémentaires alliant technique et contrainte des matériaux ont petit à petit fait émerger notre idée commune.
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Le tissage est souvent travaillé à plat et appliqué sur des surfaces rectangulaires, ce qui permet de travailler la matière sans laisser s’échapper le fil. Travailler sur des découpes rondes et en volume est un tout autre défi selon le matériau sélectionné dans le tissage – et c’est celui que nous avons voulu relever ensemble. Pour garantir un aspect lisse et modéliser une forme parfaite, nous nous sommes essayées à dessiner une ossature a l’image d’un chaton en bois pour sertir le savoir faire innovant mêlant le tissage du cuir et du fil de coton. La matière graphique est développée autour de couleurs complémentaires ce qui met en valeur l’essence du bois correspondant et créée un jeu de cinétique avec la lumière traversant la matière.
Chaque tabouret gainé de cuir tissé met en relief une trame unique.
Vous pouvez aujourd’hui découvrir ces pièces uniques mises en espace à la galerie Amélie Maison d’art (8 rue Cluzel, dans le 9e arrondissement de Paris).La contrainte de la forme donne à la matière ce qu’elle a de plus précieux.
C’est le fuit d’une collaboration qui met en scène ce que l’on peut trouver de meilleur dans les mains et le coeur de ceux qui créent.